Le titre américain, The Stalin Epigram, rendait mieux compte du contenu de ce livre. Car c'est bien le réquisitoire contre Staline que le poète russe Ossip Mandelstam composa en 1934 sous forme d'épigramme qui fit de l'écrivain une hirondelle ballottée dans l'orage. Son poème déclencha de longues années de malheur : arrestation, détention, condamnation, déportation, libération? et répétition, car la rancune du dictateur fut sans merci ! Pour détailler ce calvaire, plusieurs voix alternent : Mandelstam lui-même, son épouse, sa maîtresse, un hercule de cirque, une jeune amie du couple, le grand écrivain Pasternak, et le garde du corps de Staline. La progression étant linéaire et la prose sans artifices, la tragédie se suit facilement. Il faut aller au terme pour comprendre l'utilité du personnage du géant athlétique, finalement compagnon de camp du poète et étonnant confident du « Petit père des peuples ». Robert Littell sort du registre des romans d'espionnage (La Compagnie), qui fit sa réputation, pour signer un opus plus proche de celui de son fils, Jonathan, auteur des Bienveillantes. Un roman fort sur le climat anxiogène dans lequel vivaient les artistes russes, sommés de respecter les impératifs créatifs du réalisme soviétique. Prenant. (source : les-notes.fr)