Peut-on, pour le Grand Siècle, parler des femmes en général? Et qu'y a-t-il de commun entre la belle Ninon et une sorcière de village? Une injustice initiale: la condition faite à leur sexe. Dans toute les classes sociales, au temps de Louis XIV, la tyrannie parentale et maritale est une réalité, la mort en couches une fatalité. D'où ce livre, dans lequel Claude Dulong se garde pourtant de céder à un féminisme agressif. Sa thèse? Ce Grand Siècle de la France ne fut pas le grand siècle des Françaises. Son projet? Partir de la vie quotidienne pour apprécier les progrès accomplis entre la mort d'Henri IV et celle du Roi-Soleil; car, s'il est vrai que la loi perpétua l'inégalité jusqu'au XIXè siècle, l'opinion, la société, l'Eglise elle-même évoluèrent, par degrés, dans un sens favorable aux femmes. Mais comment oublier que c'est d'abord à leurs propres efforts que celles-ci durent d'obtenir, lentement, péniblement, le droit à la considération, à l'instruction, au travail, sinon à l'amour, cette tardive invention. De ce combat divers et inégal, l'auteur nous conte les péripéties à travers des destins et des portraits, de la reine à la courtisane, de la comédienne à la sainte. Historienne, archiviste-paléographe, Claude Dulong a consacré l'essentiel de ses travaux au XVIIè siècle français . Deux de ses ouvrages , Anne d'Autriche (1978) et L'Amour au XVIIè siècle (1969) ont reçu le Grand Prix Gobert de l'Académie française. Elle a également publié dans cette même collection, et avec succès, une Vie quotidienne à l'Elysée au temps de Charles de Gaulle.