« Bullshit »? Il vaut mieux ne pas traduire. C'est le mot que prononce, désabusé, le héros de ce roman pour qualifier sa vie, son métier, photo-reporter de guerre. Photographier, c'est sa passion. Et des guerres, il y en a toujours. Alors il y court. Biafra, Cambodge, Liban, Rwanda? Il sacrifie sa compagne, suit l'exemple de ces photographes qui rêvent d'immortaliser une image dans une fraction de seconde. Une fraction de seconde pour tomber dans un piège. Capra et ses amis sont morts d'avoir pris la photo d'un peu trop près. Lui est pris en otage. Sa vie se résume désormais à attendre, réfléchir, se souvenir. Valérie Tordjman (L'atelier anthropophage, N.B. mars 2002) a été qualifiée « d'auteur à suivre ». On est surpris ici qu'elle s'identifie à ce point à son personnage. Utilisant tantôt le style direct, tantôt le style indirect, dans des chapitres très courts ou plus longs comme pour évoquer les phases diverses de l'action, elle choisit les termes qui dévoilent avec une passion retenue l'ambiguïté de ce métier : courage, folie, culpabilité, pleurs. Un petit ouvrage surprenant qu'on n'oublie pas. (source : les-notes.fr)