Baptiste, adolescent de quatorze ans, a été récupéré des mains de djihadistes qui l’avaient enlevé et avaient exécuté sa famille. Un psychiatre s’entretient avec lui, tente peu à peu de forcer sa mémoire : il y a eu le temps de l’enlèvement où lui et les siens essaient de survivre, le temps de la séparation où il est exilé, seul, en plein désert et le retour auprès des jeunes terroristes qui achèvent, à coup de drogue et de violence, sa métamorphose en futur combattant. Les points d’ombre s’éclaircissent, laissant entrevoir une effroyable manipulation. La fragilité de l’adolescence face aux turpitudes du monde, sujet cher à l’auteur (Rêveurs, NB novembre 2012), trouve ici son illustration dans une actualité brûlante. Alain Blottière cerne bien la mentalité de jeunes fanatisés, prêts à tout, qui enrôlent ceux de leur âge pour les transformer en êtres sanguinaires monstrueux, sans gommer toutefois le peu d’humanité qui leur reste. De même, le portrait de Baptiste émeut par sa sensibilité et sa pudeur, au-delà des horreurs vécues, avouées ou occultées. Un style inspiré, qui exalte la magie du désert, alterne dialogues et récits du rescapé. La poésie côtoie l’indicible. (L.K. et M.Bo.) (source : les-notes.fr)