«Je suis descendue ouvrir la porte que faisait trembler un semi-remorque chargé de rondins, tremblant moi aussi devant cet homme d'une cinquantaine d'années, un peu plus grand que ne le sont les hommes des hautes terres : quelqu'un d'épuisé, ou qui revient de loin, ou encore un homme revenu de tout ; un homme qui ne s'aimait pas, c'était visible, ma mère m'avait appris à les reconnaître, les plus dangereux, selon elle, car ils exigent tout d'une femme, sans contrepartie, parfois même jusqu'au sacrifice suprême.» Estelle, la narratrice, est serveuse dans un routier, à Saint-Andiau, dans le haut Limousin. Sa vie, à la monotonie désespérante, bascule avec l'arrivée d'un écrivain, qui, après avoir tant attendu de l'écriture, a renoué avec son métier d'instituteur. Elle va projeter sur «le maître» son désir, son dévorant besoin d'amour...
«Il m'a fallu le rencontrer, lui, l'ancien écrivain, pour comprendre que je l'aimais, cette terre où je vivais sans me poser de questions, où il était né, lui, à une soixantaine de kilomètres de là, dans ce village de Siom où je n'avais jamais mis les pieds et où il ne m'emmènerait pas...»