Au XVIIIe siècle, le suicide est considéré comme un crime contre Dieu et contre le Roi. Aussi, quand Jeanne de Coussac, aristocrate ruinée, se jette d'une fenêtre de son château, les autorités de Périgueux lui intentent-elles un procès, son cadavre étant représenté par un curateur. C'est le rôle qu'on impose à un parent, Camille Gralis, négociant prospère à Bordeaux. Les jeunes cousins, liés par de tendres sentiments, avaient passé leur enfance ensemble, mais la mère du garçon les avait séparés définitivement. Dans ce seizième roman original et très étonnant, Jean-Guy Soumy (Le Silence, NB mars 2013) met en lumière une ordonnance de 1670, confirmée en 1712, sur « l'homicide de soi ». Ce crime doit faire l'objet d'un procès et être puni du traitement infamant du cadavre. L'auteur fait parler la morte pour éclairer le passé et analyse avec finesse le caractère du jeune homme, totalement soumis à sa mère, tout à coup bouleversé par l'expérience à laquelle il est contraint. L'écriture efficace en courts chapitres accentue la vision hallucinante du procès et de ses conséquences. (E.L. et M.Bo.) (source : les-notes.fr)