Inspiré par les estampes japonaises d'Hokusai, plus spécialement par « Le rêve de la femme du pécheur », voici un superbe conte érotique et esthétique. Sur une île volcanique du Pacifique, un bel adolescent éprouve un amour secret pour une jolie veuve dont il guette tous les soirs les ébats avec une pieuvre géante. Tout est là pour peindre une allégorie de la pureté, de l'innocence et de la violence primitives : le très saint moine, peintre, médiateur entre les jeunes gens, les paysans labourant la terre, le scientifique occidental, profanateur, trafiquant et pervers, et enfin un décor de rizières, de forêts profondes, de sources chaudes et de fumeroles volcaniques. Dans un brillant exercice, Patrick Grainville atteint le sommet d'un style déjà apprécié dans Lumière du rat (NB février 2008). La métaphore du corps et du désir est permanente dans l'évocation de la moisson, de la forêt, du volcan? Mais c'est surtout l'écriture caressante et suave qui retient l'attention, la musique des mots lus est encore plus belle à haute voix. Les étreintes amoureuses sont brossées dans une grande richesse verbale qui prolonge le graphisme d'Hokusai avec une distance mythique bien venue. (source : les-notes.fr)